«Le monde et les tâches des garagistes deviennent de plus en plus complexes»

Frank M. Rinderknecht

«Le monde et les tâches des garagistes deviennent de plus en plus complexes»

8 janvier 2020 agvs-upsa.ch – Depuis plus de 40 ans, Frank M. Rinderknecht, visionnaire du monde automobile et fondateur de Rinspeed, ne cesse de créer la surprise avec ses idées de mobilité innovantes. Il expose actuellement son dernier projet, le MetroSnap autonome, à Las Vegas. L’ingénieux Zurichois, qui a d’abord été garagiste, fait partie des intervenants qui seront présents fin février aux Hostettler Autotechnik Days.

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jas. Fin février, Hostettler Autotechnik AG organisera pour la première fois les Autotechnik Days, lors desquels les garagistes, les fournisseurs, les experts et l’industrie pourront échanger et transmettre leur savoir. Des conférences et des débats avec le pilote de course Marcel Fässler, le champion du monde des métiers Flavio Helfenstein ou encore le visionnaire du monde automobile suisse Frank M. Rinderknecht permettront de glaner des informations de fond passionnantes. Frank M. Rinderknecht présentera son dernier concept de mobilité en première mondiale au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas. Le MetroSnap est doté de structures dissociables du châssis. Ce système modulaire permet au projet de Rinspeed de réduire l’écart croissant entre la durée de vie des modules et celle du châssis. UPSA media s’est entretenu avec le visionnaire suisse.

Monsieur Rinderknecht, le MetroSnap que vous présenterez au CES de Las Vegas est la troisième variante d’un véhicule dont le châssis et les structures sont dissociables. Quelles sont les principales nouveautés de ce modèle ?
Frank M. Rinderknecht : En 2018, avec le Snap, nous avons donné un nouvel élan au concept de véhicule modulaire, comme l’ont montré les idées similaires de Scania, Kia et Mercedes. Le principal problème résidait dans le changement des modules, qui devait être facile, rapide et peu coûteux. C’est sur ce point que nous avons fait fausse route au départ. Pour le MetroSnap, nous avons donc procédé à certains changements en nous inspirant des systèmes interchangeables des conteneurs ULD pour le transport des bagages en soute et du fret dans les aéroports, qui ont fait leurs preuves dans le monde entier et par tous les temps.

Pourquoi avez-vous développé des concepts de véhicules modulaires ces dernières années ?
L’utilisation flexible de différentes structures permet de réduire le nombre de véhicules automatisés, qui sont coûteux et qui ont une courte durée de vie inhérente au système. Il est ainsi possible de répondre à des besoins de transport différents pour les personnes et les marchandises. Le problème de la livraison automatisée n’est pas le dernier kilomètre, mais le dernier mètre. Nous ne voulons pas d’un essaim de drones nous livrant nos colis, ni de caravanes de services de livraison circulant quotidiennement dans les villes, ni encore de chiens robots qui finissent par rater leur livraison si la porte est fermée ou s’il n’y a pas d’ascenseur, dans le cas d’une livraison à un étage supérieur. Avec MetroSnap, le service arrive tout de même jusqu’au client. Le module flexible est transporté et déposé au moment et à l’endroit souhaités par le client, que ce soit à la maison ou au bureau. Les 50 derniers mètres sont toutefois réalisés par celui-ci. En outre, étant donné que l’industrie dans son ensemble est devenue réaliste au sujet de la conduite autonome et qu’il faudra plutôt dix ans que cinq pour la mettre en œuvre, il est également possible d’imaginer que le MetroSnap ait un conducteur.

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Pourquoi votre modèle est-il électrique ? Un autre type de propulsion, comme l’hydrogène, serait-il envisageable ?
Oui. Il est incontestable que nous devons désormais lier la mobilité au développement durable. Il est par conséquent vain de discuter de la quantité d’énergie grise d’un véhicule électrique. Dans le cas de l’hydrogène, le moteur est également électrique, à la différence que l’électricité est produite à bord. Ce qui importe pour chaque type de propulsion, c’est que la production d’énergie soit durable. Les mentalités doivent changer en Suisse : nous ne voulons plus du nucléaire, pas d’éoliennes, pas de lacs de barrage, mais tout de même de l’électricité verte...

Vous avez débuté votre carrière en 1977 en tant que garagiste. Quels sont les plus grands défis que doivent affronter les garagistes aujourd’hui ?
Les garagistes s’interrogent sur l’avenir à juste titre. La base technique évolue, de même que le concept de vente. Le commerce en ligne les prive également d’une part de leurs marges ; le secteur est en pleine transition. Les garagistes doivent aussi évoluer. Nous savons tous que la mobilité va beaucoup changer dans les centres urbains. Cette transformation aura lieu plus tôt que nous le pensons. La question fondamentale est de savoir quelle direction elle prendra. Le monde et les tâches des garagistes deviennent de plus en plus complexes. Prenons l’exemple du remplacement d’un pare-brise. Autrefois, cela ne posait aucun problème. Or, aujourd’hui, des calibrages complexes sont nécessaires en raison de tous les capteurs et caméras. La conduite autonome rendra les véhicules encore plus complexes et le travail des garagistes plus exigeant.



Quels défis l’industrie automobile devra-t-elle relever ces prochaines années ?
Les constructeurs se trouvent dans une situation difficile. Leur modèle d’affaires, vieux de 120 ans, commence à s’essouffler. Ils doivent actuellement investir dans le développement de propulsions innovantes et de véhicules autonomes alors qu’ils n’arrivent plus à gagner l’argent nécessaire. La segmentation actuelle des fabricants, des concessionnaires, des garagistes et des propriétaires va aussi complètement changer. Je peux tout à fait m’imaginer que les concepts et les services de mobilité futurs ne seront pas attribués concrètement à une marque, mais à une société d’exploitation telle qu’Uber pour les services de transport. Aujourd’hui déjà, pour me rendre d’un point A à un point B, je me trouve dans une Mercedes, puis dans une Tesla la fois suivante. Même si les fabricants mettaient en place des services de mobilité, je ne suis pas sûr que les clients seraient prêts à attendre plus longtemps pour un véhicule de leur marque. Ce sera le service proposant l’offre la plus dense qui l’emportera. En outre, d’autres prestataires comme Amazon ou Zalando pourraient se lancer sur le marché de la mobilité grâce à leur expérience dans les secteurs des services et de la livraison.

Vous serez présent aux Hostettler Autotechnik Days. Quels messages souhaitez-vous faire passer ?
En Suisse, les gens ont du mal avec le changement, ils préfèrent s’en tenir à ce qui a déjà été éprouvé. Je voudrais montrer qu’il faut embrasser l’avenir au lieu de le rejeter: il faut agir de manière proactive et non réactive ! Les garagistes ne devraient pas maudire les voitures électriques, qui remettent en question le modèle d’affaires actuel et vont sans aucun doute s’implanter, mais trouver des niches et de nouveaux domaines d’activités autour de ces véhicules. Bien entendu, l’avant-première virtuelle du MetroSnap, dont la première suisse aura lieu au GIMS peu de temps après, sera également au programme.
 
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L’histoire de Rinspeed
Le Zurichois Frank M. Rinderknecht fonde le Rinspeed Garage en 1977 pour importer des toits ouvrants des États-Unis et fabriquer des véhicules adaptés aux personnes à mobilité réduite. En 1979 déjà, l’ingénieur en mécanique fait sa première apparition au Salon de l’auto de Genève, où il présente un turbo pour VW Golf basé sur celui de la GTI ainsi que des phares rectangulaires, une première sur le marché. Le visionnaire du monde de l’automobile devient le concessionnaire exclusif en Suisse d’AMG en 1982, puis d’AC Schnitzer en 1988. Dans les années 1990, il passe de la transformation des voitures à la création de concepts d’avenir. En 1997, le visionnaire célèbre le 20e anniversaire de son entreprise en développant la Rinspeed Mono Ego. Cette voiture de sport monoplace, dotée d’un moteur V8 de 410 ch, ressemble à un bolide de course des années 1930. Elle est suivie par la Presto (2002), qui s’allonge en appuyant simplement sur un bouton, la Splash (2004), un véhicule amphibie, et la sQuba (2008), une voiture sous-marine. Tout comme la mobilité, les concepts de Rinspeed changent. Ils s’éloignent des véhicules traditionnels pour repenser l’automobile, comme le prouve son dernier projet, le MetroSnap (2020). www.rinspeed.eu
 
 

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